Par Jean Mikhaleff
Qui eut prédit l'avènement du logiciel libre il y a seulement 10 ans ? En tant qu'éditeur de logiciels, cette révolution ne nous laisse pas indifférent et nous interpelle quelque part.
Demain, on rase gratis ?
Nous savons qu’un logiciel conséquent nécessite au moins trois ans de travail 8 à 10 heures par jour (quand on aime on ne compte pas son temps). En fonction de l’importance du logiciel, il faut rémunérer pendant toutes ces années des équipes de une à dix personnes. Après ces trois années il faut compter deux années supplémentaires de pré-commercialisation pour adapter le produit aux besoins des clients. Bien entendu, à cela s’ajoute les frais de marketing et de commercialisation… autrement dit, développer un logiciel important nécessite beaucoup de capitaux, du temps et de la ténacité.
Or, il existe des logiciels gratuits de plus en plus nombreux. On y trouve aussi bien le système d’exploitation Linux que des suites bureautiques entièrement gratuites et bien d’autres encore. Les éditeurs prétendent se rémunérer avec le service autour de ces logiciels. Mais quel service peut-on bien attendre par exemple d’une suite bureautique ? Pourquoi pas la formation me direz-vous ? Mais toute société de service ne peut-elle pas proposer de la formation sans avoir jamais participé à l’investissement initial du logiciel ?
Ce type de modèle économique est révolutionnaire nous dit-on car caractérisé par le principe de la gratuité. Nous connaissons tous des modèles économiques basés sur la gratuité, les bénévoles travaillant principalement pour des missions caritatives comme les associations de l’abbé Pierre ou les Restaux du Coeur. L’originalité du nouveau modèle économique proposé consiste à travailler gratuitement cette fois non pas pour les pauvres mais pour enrichir les sociétés les plus riches de la planète. Ainsi, de malheureuses entreprises très profitables se plaignaient de pas avoir de suite bureautique fiable. Pour solutionner le problème, il a suffi d’en distribuer gratuitement sous Linux… avouez qu’il fallait y penser !
Tous ces logiciels « libres » peuvent être offerts à des entreprises aussi prestigieuses que Philipps, General Motors, IBM, la Défense Nationale, le Ministère des Finances ou Coca Cola. Mais il y a encore plus fort : certains analystes prétendent que ce modèle économique risque de s’étendre à d’autres secteurs d’activité que le logiciel. En effet, tout le monde se souvient du boom de la nouvelle économie, de ses investissements colossaux et de sa gratuité.
Ainsi, pour lutter contre la pollution automobile et l’effet de serre, pourquoi ne pas produire et distribuer gratuitement des voitures non polluantes ? D’autres analystes pensent pouvoir lutter contre le « tout béton » en distribuant des maisons gratuites en pierre de taille. Effectivement, le caillou est une matière première abondante qu’il suffit de tailler. Puisque des ingénieurs de haut niveau sont prêts à travailler pour rien pendant des années, pourquoi pas des tailleurs de pierre bénévoles ?
Si tout devient gratuit, plus besoin d’argent, donc plus besoin d’euro. On peut rêver lorsque l’on songe aux difficultés que nous rencontrons pour le passage du franc à l’euro, avec tous les problèmes d’arrondis. « Je vous fais un prix à zéro franc zéro centime ce qui fait zéro euro tout rond et cela pour un logiciel zéro défaut. » N’est-ce pas merveilleux ?
Bien entendu, en tant qu’éditeur « dans la course » nous sommes favorables au logiciel libre. Nous attendons seulement un signal symbolique fort. Par exemple, lorsqu’une société libre produira gratuitement un soda similaire au Coca Cola avec des bulles mais sans gaz, alors nous saurons que le Grand Soir est arrivé….
C’est promis, nous publierons alors gratuitement notre logiciel pour nos… excusez-moi, j’allais dire clients… un client est un prospect qui a payé… les tenants du logiciel libre sont contre la notion même de client et s’opposent farouchement à la propriété intellectuelle. Le créateur doit innover, disent-ils, en sacrifiant ses intérêts personnels afin de promouvoir un bénévolat communautaire au nom de la productivité des entreprises les plus dynamiques de la planète ! Eut égard à l’accroissement des bénéfices attendus grâce à ces logiciels libres, plutôt que « gratuitement pour les clients » on devrait dire : « gratuitement pour les heureux bénéficiaires ».
Lorsque cette révolution sera passée, que va-t-on bien pouvoir encore inventer ? Personne ne se risquerait même à l’imaginer… certains pensent que nous sommes en présence d’une nouvelle économie complètement immature qui va divaguer des années encore. Nous ne serions donc pas au bout de nos surprises !
Jean est responsable des licences au sein de la société RePeGlio, éditrice du générateur expert de programmes RPG IV pour iSeries AS/400. Jean bénéficie d’une longue expérience des environnements midrange, en tant qu’éditeur mais aussi en société de services.
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