par Isabelle Nougier
Linux constitue aujourd'hui une priorité au sein du département Informatique du
Ministère de la Culture, le DOSI (Département de l'Organisation et des Systèmes
d'Information). En effet, l'objectif fixé à l'horizon 2005 vise l'intégration
de Linux à l'ensemble de tous les serveurs de ses 200 sites.
Objectif: 100% Linux en 2005
Dans un premier temps, il s’est agi pour le Ministère de la Culture de mettre
en place un serveur au sein de six Musées de Province (le Musée Magnin à Dijon,
le Musée des deux victoires à Mouilleron en Pareds, le Musée de Blérancourt, le
Musée de la Préhistoire situé aux Eyzies de Tayac, le Musée Fernand Léger à Biot,
et le CAMT de Roubaix). Ces serveurs avaient une vocation essentiellement administrative,
et devaient notamment servir à gérer des fichiers, les routages IP, et l’accès
à Internet.
Le coût total de possession d’une machine (TCO : Total Cost of Ownership)
est largement inférieur
Lorsque le moment est venu de choisir un système d’exploitation pour ces serveurs,
de nombreux tests ont été effectués, à partir de différentes solutions du marché,
comme Linux, AIX, Windows NT ou encore Unix, afin de tester la robustesse et la
fiabilité de chacune de ces solutions. Les tests ont été éloquents, et ont révélé
la suprématie de Linux. Ces résultats ont bien sûr été déterminants dans le choix,
mais d’autres éléments ont également plaidé en faveur de l’adoption d’une solution
sous Linux. En effet, tant d’un point de vue sécurités qu’économique, Linux offrait
les meilleurs services. Côté sécurités, c’est en effet un des rares systèmes d’exploitation
dont on dispose du code source. Ce fut un élément important du choix, bien que
cette notion de sécurité n’ait pas été aussi déterminante qu’elle l’aurait été
dans d’autres ministères, plus confidentiels.
D’un point de vue économique, le coût total de possession d’une machine (TCO :
Total Cost of Ownership) est largement inférieur à celui des autres solutions.
L’économie réalisée serait de l’ordre de 30% par rapport à Windows NT et de 50%
par rapport à Unix.
Une fois le choix de Linux validé, vers la fin du 1er trimestre 2000, un appel
d’offres a été lancé, comme cela se pratique pour tous les marchés publics. Parmi
toutes les réponses reçues, la solution retenue car respectant le mieux le cahier
des charges et attractive au niveau des coûts, était celle de la société Mandrake
Software.
Le projet s’est décomposé en 2 phases, la première consistant en l’élaboration
d’une maquette basée sur la solution Linux-Mandrake Corporate Server 1.0, adaptée
aux besoins spécifiques du Ministère de la Culture. Cette phase, démarrée en juillet,
s’est terminée en septembre. La seconde phase, qui doit se terminer en décembre,
est en fait le déploiement de la maquette.
Pour ce faire, Mandrake Software a collaboré avec la société IdealX, qui s’occupe
principalement de la documentation, et qui a adapté l’outil d’administration global
Webmin de manière à le rendre très simple d’utilisation, même pour un utilisateur
non initié, avec un bon environnement graphique (l’interface graphique utilisée
est KDE).
Le projet a été mené en étroite collaboration entre le Ministère de la Culture,
Mandrake Software et IdealX. Il a largement motivé les équipes internes. Son coût,
si l’on ne tient compte que des prestations externes, reste extrêmement raisonnable,
de l’ordre de quelques centaines de kF. Sur les 80 personnes que compte le DOSI,
5 se sont occupées de l’élaboration du projet en partenariat avec des correspondants
de MandrakeSoft détachés sur le site du Ministère.
En fait, l’intérêt pour Linux dépasse le seul Ministère de la Culture.
En fait, l’intérêt pour Linux dépasse le seul Ministère de la Culture, puisque
c’est aussi au niveau de toutes les administrations de l’Etat que Linux va vraisemblablement
s’implanter. L’intérêt porté par l’administration à ce système d’exploitation
est démontré par la mission parlementaire confiée par Lionel Jospin à Thierry
Carcenac, Député du Tarn, Président du Conseil Général et Membre de la Commission
des Finances. Cette mission a pour but d’évaluer les logiciels libres et leur
potentiel de diffusion dans l’administration, Bruno Manoni, Responsable du DOSI
en est le rapporteur.
Linux est a priori amené à prendre de plus en plus d’importance dans toutes les
administrations, en grande partie du fait des sécurités qu’il apporte et à son
faible TCO sur des machines d’architecture Intel classique, grâce à la gratuité
des licences. Il faut savoir que, si les coûts de maintenance restent à priori
identiques voire peut-être moins élevés sur les plates-formes Linux, des économies
conséquentes peuvent être réalisées au niveau du poste licences et machines, ce
qui représente une part importante du budget du Service Informatique.
L’objectif est donc de mettre en place Linux partout où cela peut se faire, d’utiliser
les logiciels Open Source là où ils sont les plus performants, et d’utiliser les
produits des grands éditeurs de logiciels par ailleurs. « De toutes façons, à terme,
tous les grands éditeurs porteront leurs solutions sous Linux, si ce n’est déjà
fait pour la plupart d’entre eux », commente Bruno Manoni. « Il reste cependant
certains secteurs, comme par exemple la comptabilité ou encore la Gestion du Personnel
de l’Etat, qui mettront plus de temps à venir à Linux, ces secteurs n’enthousiasmant
pas vraiment les chercheurs de la plate-forme », conclut-il.
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