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Trois raisons qui font que Microsoft va gagner la guerre du cloud contre Amazon

Tech - Par Philippe Paiola - Publié le 25 octobre 2018
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Une guerre commerciale et technologique fratricide s'opère depuis quelques années dans le milieu feutré de l'IT, elle s'apparente à un match de boxe Américain dont le juge n'est pas un état ou un organisme fédéral, mais bien les deux entreprises elles-mêmes

Trois raisons qui font que Microsoft va gagner la guerre du cloud contre Amazon

Microsoft Vs Amazon

Face à face, deux mastodontes américains proposent à leurs clients des ressources et services hébergés dans leurs infrastructures globales hautement disponibles : à gauche du ring, le cloud public Microsoft Azure porté par Satya Nadella, et à droite, celui d’Amazon avec AWS défendu par Jeff Bezos.

Le palmarès de ces deux poids lourds est impressionnant : sur le 4ème trimestre 2018, Microsoft a annoncé une augmentation de 53% des revenus issus du cloud à 6,9 milliards de dollars, avec une hausse de 89% pour la branche consacrée à Azure. Dans le même temps, le chiffre d’affaires a, pour la première fois de l’histoire de la firme de Redmond, passé le cap symbolique des 100 milliards de dollars (110,4 milliards, +14%). Source : https://www.microsoft.com/en-us/Investor/earnings/FY-2018-Q4/press-release-webcast

Au niveau des défaites, nous pourrions citer le système d’exploitation Windows Vista, le marché des Smartphones avec Nokia, ou plus récemment l’échec de la console Xbox One (25 millions de joueurs contre le double pour la PS4 de Sony).

De l’autre côté, Amazon n’est pas en reste grâce à son activité cloud qui a dépassé les estimations des analystes, avec une hausse de 49% du chiffre d’affaires. Un chiffre d’affaires de 5,44 milliards de dollars contribue, ainsi, à environ 11% du chiffre d’affaires total d’Amazon pour la période, contre 8,5% au trimestre précédent.

AWS a généré un bénéfice d’exploitation de 1,4 milliard de dollars. Cela représente 73% du bénéfice d’exploitation de 1,93 milliard de dollars d’Amazon.

Alors qu’AWS a maintenu une croissance supérieure à 40%, Microsoft se développe beaucoup plus rapidement (89%).

Mais AWS est entré dans le circuit du cloud 8 ans avant son concurrent et reste (pour l’instant) le leader incontesté du marché.

Au niveau des échecs retentissants, Amazon n’a pas su imposer son smartphone Fire Phone ou ses boutons Dash permettant de commander un produit d’une simple pression, qu’il a d’ailleurs décidé il y a peu de virtualiser !

Un public acquis à sa cause

Microsoft est malin : plutôt que d’attaquer frontalement AWS, en proposant des services similaires à son concurrent, la firme a décidé d’esquiver en s’appuyant sur deux marchés dont il est le leader incontesté :

  • les outils bureautiques (Word, Excel, Outlook, etc.) via la suite Office 365
  • les services d’infrastructure (Windows Server, SCCM, etc.)

Ainsi, un client qui souscrit l’offre Office 365 doit tout d’abord créer un « tenant », nom de domaine associé à sa structure contenant ses utilisateurs. Ces derniers seront hébergés dans l’Azure Active Directory : sans le savoir, il a donc commencé à utiliser Azure.

S’il veut conserver une infrastructure On-Premise mais aussi utiliser celle proposée par Microsoft, il peut souscrire à l’offre Azure Stack et ainsi bénéficier d’un Azure « light » dans son Datacenter. AWS ne le permet pas (encore ?).

Ça n’est pas tout, car la botte secrète de Microsoft est sans doute le programme Azure Hybrid Benefit, un modèle de licences permettant aux entreprises de transférer les euros engagés dans l’achat des licences locales SQL Server et Windows Server vers le cloud Azure, gratuitement. Avec cet avantage, pour chaque licence, Azure couvre le coût du système d’exploitation (jusqu’à deux machines virtuelles) et le client paiera uniquement les coûts liés au calcul de base.

Enfin, Windows 10, le dernier système d’exploitation orienté poste de travail, peut être joint à l’Azure AD dès le déballage de la machine, sans avoir besoin d’accéder à des contrôleurs de domaine supportant un domaine Active Directory.

Les services aux particuliers et entreprises de la firme de Redmond sont donc de plus en plus « Azure Ready », permettant à Microsoft de monter sur le ring avec un public acquis à sa cause.

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Un combat de mots

D’abord, il convient de situer le débat dans son contexte. Microsoft et Amazon sont en guerre. Une guerre sans chars ni armée traditionnelle, dont l’enjeu est de défendre et affirmer sa vision dans tous les domaines du cloud, pour assurer sa survie, voire confirmer sa domination et ainsi imposer son influence.

Et avant tout combat, la tension monte. Les protagonistes s’invectivent, mais de l’issue de ces vitupérations un ascendant psychologique peut être gagné, essentiel à la victoire finale. Dans l’échange de « maux », le champ lexical utilisé est primordial, ce qui signifie que le sens général d’un concept est évoqué par plusieurs mots.

Amazon, d’une certaine façon inventeur du cloud, a créé son propre champ lexical pour désigner des services déjà présents dans le milieu informatique. En effet, si vous n’avez jamais pratiqué le cloud AWS, vous ne connaîtrez pas la signification d’une instance EC2, désignant une machine virtuelle, d’Amazon S3, représentant un compte de stockage ou encore du service VPC, réseau virtuel hébergé dans le cloud.

Microsoft, lui, propose un champ lexical existant et utilisé par le domaine informatique que nous connaissons : une machine virtuelle hébergée dans Azure se nomme … Machine virtuelle ! Les données des clients sont hébergées dans un compte de stockage. Et un réseau virtuel dans Azure est … un réseau virtuel.

Il est donc plus facile de s’approprier les concepts du cloud en utilisant Microsoft Azure, l’effort intellectuel nécessaire sera plus faible car nous parlons déjà tous ce langage.

A ce propos, l’avenir du cloud est peut-être dans le performatif : une expression est performative lorsqu’elle ne se borne pas à décrire un fait mais qu’elle « crée » elle-même le fait.

Pour appréhender ce concept, prenons l’exemple de la sentence « je vous déclare mari et femme ». Cette phrase change le statut des fiancés, les faisant passer à l’état de mariés. Il y a donc plus, dans l’énonciation de cette expression, que la description d’un fait : dire cette phrase c’est accomplir un acte. Nous lisons de gauche à droite (sauf pour les langues sémitiques telles que l’arabe et l’hébreu) en Europe et aux US. Dans Azure, le bouton en haut à gauche de l’interface, donc premier visible, est nommé Créer une ressource. Imaginez que dans quelques mois, vous puissiez créer une ressource Azure rien qu’en la nommant oralement …

 

Dans AWS, pour créer une instance EC2 (machine virtuelle) il est nécessaire de cliquer sur le bouton « Lancer une instance » : la terminologie utilisée est déroutante, car nous ne voulons pas exécuter une machine virtuelle existante mais bien en créer une.

 

 

Des mouvements fluides

Au-delà du champ lexical et du performatif associé, l’interface du portail d’administration Azure est pensée pour être simple, intuitive et surtout évolutive.

Le design est épuré, permettant de mettre l’accent sur les actions clés. Les tableaux de bord sont dédiés à chaque projet, offrant ainsi un accès aux informations principales en un clin d’œil. Des raccourcis vers des services et ressources Azure sont aisément paramétrables.

De plus, les vignettes dynamiques du tableau de bord Azure sont mises à jour régulièrement et peuvent être personnalisées et déplacées, comme celles du menu Démarrer d’un poste Windows 10. L’administrateur retrouve ainsi une interface commune entre les différents logiciels Microsoft.

 

Les écrans de configuration s’affichent successivement de gauche à droite dans un balai orchestré.

 

 

Le revers de la médaille est que l’administrateur peut très vite se trouver dans une position où il devra fermer plusieurs fenêtres pour revenir à un paramètre spécifique.

L’interface AWS est plus austère, moins personnalisable donc moins flexible. L’administration des services est possible via Services, situé sur le bandeau horizontal, mais implique une surcharge de l’interface.

Heureusement, un champ de recherche permet de filtrer les résultats rapidement.

 

 

 

En résumé, Microsoft, grâce à son implantation existante dans les entreprises et chez les particuliers (Office 365, Windows 10, Windows Server) et son programme Azure Hybrid Benefit permettant d’économiser jusqu’à 80% sur le prix d’une machine virtuelle, a plusieurs coups d’avance vis-à-vis de son concurrent direct Amazon.

La terminologie standardisée utilisée pour décrire les services d’Azure sont aussi un atout indéniable dans la guerre des mots que se livrent les 2 mastodontes. Enfin, une interface fluide et intuitive, conformes aux systèmes d’exploitation existants (Windows 10, Windows Server) permet au cloud public de la firme de Redmond d’être facilement adoptée par les administrateurs.

À l’instar des athlètes, ces deux grandes entreprises connaissent actuellement des périodes de performances extrêmes qui les montrent comme invincibles … En redescendant inévitablement sur Terre, elles peuvent succomber aux rigueurs de la mortalité : départs de cadres, priorités mal positionnées, incapacité à prédire les tendances, etc.

Malgré toute la qualité des actions menées par Microsoft ces derniers trimestres, le colosse peut chanceler. Mais pour Amazon ou un quelconque autre acteur du cloud (Alibaba, Google Cloud, etc.), il faudra la combinaison de circonstances et de dynamiques de marché pour pouvoir espérer inverser cette tendance de croissance forte, et, au moins pour le moment, cette combinaison semble introuvable.

Dans un prochain article, nous détaillerons la vision des deux sociétés vis-à-vis de leurs partenaires (AWS Partner Network ou Microsoft Partner Network), ainsi que le marché du travail actif et foisonnant permettant de répondre à la demande toujours plus grande des clients de l’IT.

Tech - Par Philippe Paiola - Publié le 25 octobre 2018