Le numérique serait la source de 3 à 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, un impact principalement dû à la fabrication des équipements et à la consommation énergétique des réseaux et datacenters.
Face à l’urgence écologique, l’IT doit faire sa révolution
Face à cela, l’adoption d’un numérique plus responsable doit se généraliser, et se traduire par des actions tangibles : rationaliser les équipements IT, optimiser l’usage des infrastructures, et réduire le rythme de renouvellement des équipements. S’ils se généralisent, ces choix transformeront peu à peu les systèmes d’informations en véritables actifs de stratégie RSE face à l’urgence écologique.
Thomas Girard, CEO et fondateur, KERYS Software (French Tech 2030) partage son analyse du sujet et ses recommandations face à l’urgence écologique.
L’impératif d’un numérique plus sobre
Le numérique responsable (également parfois appelé « Green IT ») désigne l’ensemble des pratiques visant à réduire l’impact environnemental des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). Il inclut notamment la réduction de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre, ainsi que le recyclage et le réemploi des équipements. En pratique, cela se traduit notamment par le développement d’applications moins gourmandes en ressources et de stratégies pour prolonger la durée de vie des équipements.
Malgré certains progrès, l’évolution des usages entraine une augmentation continue de la consommation d’équipements IT et renforce l’impact négatif du numérique. En France, l’empreinte carbone du numérique était estimée à 4,4% en 2022, avec la part des datacenters à 46% (prenant en compte les datacenters étrangers desservant la France). Ces derniers consommant à eux seuls 3% de l’électricité mondiale, un chiffre qui pourrait atteindre 13% d’ici 2030). La production massive de déchets électroniques est un autre facteur alarmant : seulement 20% des déchets numériques sont collectés à l’échelle mondiale et, en France, seulement 17% sont correctement recyclés.
Repenser l’usage des infrastructures pour un numérique durable
La réduction de l’empreinte environnementale du numérique implique surtout de repenser les usages faits des équipements informatiques, afin d’en limiter la production et l’utilisation. Elle repose sur trois piliers : la gestion responsable du parc matériel, une meilleure utilisation des systèmes existants, et l’optimisation des infrastructures IT.
La gestion responsable du parc matériel doit favoriser le réemploi et optimiser le recyclage. La fabrication représentant près de 80% de l’empreinte climatique du numérique en France, doubler la durée d’utilisation d’un appareil peut améliorer son bilan environnemental de 50%. Des politiques d’achat responsables, une maintenance préventive et un recyclage adéquat doivent être mis en place, tout en assurant la destruction sécurisée des données. Cette démarche permet aussi de réduire l’extraction de matière premières, notamment les métaux rares.
L’optimisation des infrastructures existantes et de leur usage contribue de son côté à une utilisation plus responsable au quotidien et sur le long terme. Elle passe notamment par la mutualisation et la virtualisation, capables de réduire les besoins en infrastructures jusqu’à 70 %. La mutualisation de plusieurs postes de travail sur une seule machine physique via des environnements virtualisés permet de réduire drastiquement le volume d’équipement utilisé, évitant une surconsommation de machines physiques (et énergétique).
Les bénéfices concrets d’infrastructures IT responsables
L’adoption d’infrastructures IT plus responsables permet en parallèle une baisse tangible des coûts d’exploitation : les achats responsables en IT peuvent contribuer à réduire les coûts d’approvisionnement de l’ordre de 16% ; l’écoconception logicielle évite le développement de fonctionnalités énergivore et non essentielles, contribuant ainsi à une meilleure maîtrise budgétaire ; et les stratégies d’optimisation et de mutualisation des infrastructures permettent d’éviter la multiplication de postes ou systèmes sous-utilisés et gourmands en énergie.
Sur le plan législatif, les exigences se renforcent de plus en plus : loi REEN visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique, directive européenne CSRD imposant un reporting de durabilité… Un engagement RSE affirmé et conforme à ces réglementations peut (et devrait) inclure des leviers de concrets de sobriété numérique s’appuyant sur les avancées technologiques actuelles.
Dans un monde où tout repose sur l’informatique, son optimisation est devenue l’un des clés du développement durable. Une vraie transformation impliquera une mobilisation collective entre entreprises, fournisseurs, régulateurs et citoyens. Parmi les leviers techniques, les technologies d’ « Infratech » à dimension durable seront déterminantes pour l’empreinte environnementale de l’informatique, tout en renforçant la performance opérationnelle. Le numérique responsable s’impose ainsi comme un choix stratégique, combinant innovation et durabilité.
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