Dans un paysage numérique changeant, l'importance de l'éthique dans les projets digitaux se manifeste désormais comme une exigence incontournable. Aller au-delà de la simple conformité réglementaire et adopter une approche responsable et respectueuse de l'environnement est devenu impératif. Cette approche répond aux attentes des collaborateurs, des clients et des partenaires, et plus largement aux aspirations de notre société.
Favoriser l’éthique dans les projets digitaux : un impératif pour la durabilité et l’inclusion
Vincent Lachambre et Olivier Boyer, UX Designers chez SQLI partagent leur expertise sur le sujet.
Quatre raisons fondamentales justifient une approche éthique, axée en particulier sur l’accessibilité et l’éco-conception des projets digitaux.
Répondre au cadre légal
Concernant l’accessibilité, et au-delà de l’aspect usage, il est bon de rappeler que le respect du RGAA (Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité) est une obligation légale pour les sites du secteur public, ainsi que ceux appartenant aux entreprises privées dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 250 millions d’euros. Et depuis septembre 2023, l’ordonnance 2023-859 prévoit de renforcer le niveau de sanctions sur le non-respect de l’accessibilité des sites web.
Par ailleurs, le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) impose un cadre légal pour l’utilisation des données personnelles par les acteurs du numérique en Europe. Hélas, ce n’est pas encore le cas en ce qui concerne le respect des bonnes pratiques d’éco-conception : aucune législation n’oblige à ce jour les organisations publiques ou privées à réduire l’impact environnemental de leurs services numériques.
L’accessibilité en tant que vecteur d’amélioration de l’expérience utilisateur
La prise en compte de l’accessibilité émerge aujourd’hui comme un élément clé favorisant une expérience utilisateur inclusive et améliorée. L’accessibilité peut non seulement élargir l’audience d’un produit ou service, mais améliore également de manière significative la qualité globale de l’expérience utilisateur.
S’interroger sur l’accessibilité du site pour tous, y compris pour les personnes en situation de handicap permanent, partiel, ou situationnel comme défini dans l’approche du design inclusif de Microsoft, est essentiel. L’objectif d’un site web accessible est de satisfaire aux quatre grands principes du WCAG 2.0 (Web Content Accessibility Guidelines, une norme internationale de l’accessibilité numérique) pour garantir qu’il soit perceptible, utilisable, compréhensible et robuste.
Pour cela, le Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA basé sur la norme WCAG 2.0) et ses 106 critères méritent d’être placés au cœur de la réflexion, depuis la conception jusqu’à la réalisation du site web. Bien qu’il soit possible d’optimiser l’accessibilité d’une solution à tout moment du projet, il est recommandé de prendre en compte les problématiques d’accessibilité dès sa conception. L’accessibilité doit aussi être maintenue très régulièrement durant la vie de la plateforme, en s’assurant que les contenus présentés soient mis à jour dans le respect des règles définies.
En pratique, tous les utilisateurs qui présentent des déficiences, qu’elles soient physiques ou cognitives, doivent pouvoir accéder à l’information présentée par l’applicatif, sans se sentir exclus et en utilisant les moyens alternatifs normalisant leurs usages. Ainsi, un utilisateur malvoyant aura la possibilité d’utiliser une synthèse vocale pour l’assister dans la lecture du contenu d’une page web. L’utilisation des balises sémantiques et la bonne construction du DOM (Document Object Model) de la page a donc une importance primordiale pour que le contenu consulté garde du sens pour cet utilisateur, avant prise en compte de la mise en forme graphique. Une expérience utilisateur de qualité devient possible en respectant a minima les règles proposées par le référentiel d’accessibilité.
Anticiper les impacts environnementaux de son site web
Dans le contexte climatique actuel, il devient essentiel de s’engager pour réduire la consommation énergétique des solutions numériques. En effet, selon un rapport de l’ADEME (l’agence de la transition écologique), en 2025, le secteur informatique pourrait consommer 25% de l’électricité mondiale. L’éco-conception représente une approche prenant en compte les impacts environnementaux dès la phase de conception des services numériques ainsi que sur l’ensemble du cycle de vie. Et pour s’atteler à réduire les impacts environnementaux d’un dispositif digital, on peut en premier lieu se concentrer sur sa consommation de ressources énergétiques, avec les usages du côté de l’interface client, les traitements des données côté serveur, le poids des médias ainsi que les scripts impliquant une charge processeur serveurs et clients.
Les premières étapes à initier pour réduire la consommation d’une solution, seront de réduire le poids des pages (en agissant sur les vidéos et images, en compressant les JS/CSS et en optimisant le cache navigateur), de simplifier la solution (en réduisant les scripts trop complexes ou moins nécessaires comme les carrousels ou l’infinite scroll) et de limiter le nombre de requêtes.
Quand le design peut servir une expérience éthique
Lorsque nous parlons d’éthique dans un projet numérique, nous pensons à l’utilisation des données personnelles, à une expérience répondant aux besoins de ses utilisateurs et également aux impacts des algorithmes qui façonnent les applications et autres services numériques que nous utilisons. Les designers jouent un rôle crucial dans l’acquisition de nos données personnelles en concevant des interfaces qui se veulent de plus en plus conviviales et addictives, que ce soit pour une démarche d’acquisition ou pour maximiser le temps passé sur les plateformes.
Cette situation encourage malgré elle l’utilisation des dark-patterns, une pratique UX visant à contraindre l’utilisateur au niveau de ses interactions au sein de l’interface. En effet, lorsque nous concevons un service numérique, outre le fait de répondre à un besoin, nous souhaitons souvent orienter les utilisateurs vers des actions spécifiques pour atteindre un objectif (passer une commande, réserver un hôtel, contacter un service client…). Cependant, certains abus, tels que l’utilisation de dark-patterns par certaines entreprises, suscitent des critiques par rapport au manque d’éthique que cette pratique suscite.
Inscrire l’éthique au cœur d’un démarche digitale n’est pas seulement un devoir moral, mais un impératif pour la pérennité des projets. L’accessibilité et l’éco-conception deviennent ainsi des piliers incontournables, façonnant des expériences digitales à la fois responsables et performantes. En tant que professionnels du digital, intégrons pleinement cette évolution éthique comme un levier de compétitivité, et façonnons ainsi un avenir numérique plus performant et résolument responsable.
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