Hyperconnectés depuis janvier, épuisés en décembre : le poids de la fatigue numérique

Maud Brissaud, Directrice Commerciale France chez Jabra analyse le sujet.

300 mails non lus, 400 messages Teams, des invitations à des réunions… À ce stade de l’année, la sensation d’être noyé sous un flux numérique permanent s’accentue. Le besoin de déconnexion reste insatisfait – remplacé par une saturation numérique grandissante. Cette sensation d’être happé par un tourbillon numérique a un nom : la “digital fatigue”. Ce phénomène, bien documenté, désigne cet état de saturation mentale lié à la surutilisation des outils numériques. Selon une enquête Ifop dès 2017, 78 % des cadres déclaraient déjà consulter leurs mails professionnels pendant leurs week-ends ou leurs congés. Autant dire qu’en 2025, avec l’hyperconnectivité installée durablement et le travail hybride, ce chiffre n’est pas prêt de redescendre.

Et les conséquences ne sont pas anodines. Des chercheurs en psychologie et médecine de l’Université de Nottingham^[1] ont démontré que la connectivité constante et le rythme numérique imposé par l’environnement de travail entraînent une “techno-fatigue”, qui affecte directement le bien-être mental et émotionnel des salariés. Jour après jour, l’accumulation d’interactions numériques finit par peser lourd.

La multiplication des notifications n’arrange rien. Selon le Digital Noise Impact Report publié par Unily^[2], 77 % des employés jugent que les alertes numériques sont une source constante de distraction. Un tiers affirme même être interrompu toutes les 15 minutes par une notification soit environ 160 interruptions par semaine. Une réalité qui fragmente l’attention, empêche la concentration et alimente le fameux sentiment de “travailler sans vraiment avancer”.

Maud Brissaud, Directrice Commerciale France chez Jabra

Réunions : moins de quantité, plus de qualité (et un peu d’IA aussi)

Alors si la suppression des mails et des réunions n’est pas à l’ordre du jour – autant les rendre utiles, efficaces, et voire pourquoi pas agréables ? Car le paradoxe est là : les réunions et les e-mails, censés nous connecter et nous faire avancer, sont devenus pour beaucoup des sources de frustration.

Selon une enquête^[3], 62 % du temps de travail est consacré à la rédaction de mails, et 57 % à des réunions. Et pourtant, un tiers des répondants dit… détester les réunions. Non pas parce qu’ils rejettent la collaboration – mais parce qu’ils n’y trouvent pas de valeur. Ils sont trop longs, mal préparés, ou trop nombreux. L’efficacité attendue laisse place à une forme de lassitude.

Plus inquiétant encore : un quart des professionnels interrogés affirme sortir d’une réunion plus fatigué qu’enrichi, avec un sentiment de dispersion plutôt que de clarté. Comme si ces moments censés créer de la cohésion ne faisaient que s’ajouter au bruit ambiant.

Mais tout n’est pas perdu car la technologie, bien utilisée, peut faire des merveilles.

L’objectif n’est pas de supprimer les réunions, mais de les réinventer en utilisant mieux ces outils. Des équipements audio de qualité pour être entendu dès la première phrase, une vidéo claire qui capte les expressions et le langage corporel, une IA intégrée qui retranscrit les échanges, extrait les décisions et facilite les comptes rendus. Une réunion bien équipée, c’est une réunion qui va droit au but – et qui évite les malentendus. Car oui, une simple amélioration du son et de la vidéo peut transformer un moment subi en expérience fluide. Fini les “ça aurait dû être un mail”, place aux “c’était vraiment utile”.

Redonner du sens aux échanges, et du souffle aux équipes

Mais cette transformation ne repose pas uniquement sur la technologie. Elle suppose aussi de revoir notre culture de la réunion. Organiser un temps fort en fin d’année, avec une vraie direction collective, des moments de partage et de vision, peut permettre de remobiliser les équipes. Des temps informels (petit-déjeuner, activité extra-pro) peuvent aider à renforcer les liens et à retrouver de la motivation et de l’énergie. Surtout, il faut revoir la fréquence, la durée et l’utilité des réunions. Car ce qui fatigue, ce n’est pas la réunion en soi : c’est son accumulation et son manque d’impact.

Et si, la vraie performance, c’était de savoir se déconnecter… pour mieux se reconnecter ?

^[1] https://www.nottingham.ac.uk/news/being-digitally-hyperconnected-causes-techno-strain-for-employees

²https://uk.finance.yahoo.com/news/email-alerts-work-chat-apps-ping-fatigue-060017087.html?guccounter=1&guce_referrer=aHR0cHM6Ly93d3cuZ29vZ2xlLmNvbS8&guce_referrer_sig=AQAAAJ_4UPRGebns7aCBgyn7r5IpKzJr_SJ-OdspK1jAmm-pQP2Il0Bt_1YAFM97YZLfPt-rKBp84QJx_KVFq7TnGO7_J0MeSQK-5QwRD4dnrjfdf2y7ntELQoUapJi2w-se2idpBQdYgxerzLSv0per-IBV-MvFgL6jomw1VQjJmXrA

³ une enquête menée par Jabra auprès de 3 900 travailleurs du savoir